Détail de l'expression

Avis général sur la LNPN
Avis
Pétition

La commune de Montesson bénéficie d’un patrimoine agricole et naturel exceptionnel à quelques kilomètres de Paris et juste en face de la forêt classée de St Germain en Laye. Outre les berges de Seine, le chemin de halage, de nombreux parcs dont un parc départemental, un étang qui abrite de nombreuses espèces d'oiseaux, une zone humide protégée, un arboretum en cours d'achèvement... elle dispose d’une plaine agricole unique en son genre, classée en Zone Agricole Protégée (ZAP) par l’Etat en 2020 et qui abrite une activité agricole importante et reconnue en lien avec d’autres communes (Carrières-sur-Seine, Sartrouville…). Après deux Agenda 21, la commune de Montesson s’est fixée comme objectif d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2038. Elle a lancé en septembre 2022 l’élaboration de sa première Charte de l’Arbre. Elle a engagé, en 2018, l’élaboration d’un Atlas de Biodiversité Communale (ABC). Depuis 2010 avec la Semaine de la biodiversité à aujourd’hui, la commune participe aux journées à thème en lien avec la biodiversité telle que la Fête de la Nature. Elle est reconnue Territoire engagé pour la nature (TEN), vient de recevoir sa première fleur et a reçu la Marianne d’Or du Développement durable en 2020. Toutes ces reconnaissances ne sont pas arrivées par hasard. Elles sont le fruit d'un travail sans relâche pour préserver notre patrimoine naturel vulnérable et exposé aux pressions foncières permanentes, aux promoteurs publics et privés depuis des années. Dans ce contexte, le projet LNPN, sur le fond et sur la forme, est perçu comme une provocation totale. La réunion organisée par la mairie de Montesson, à laquelle plus de 300 riverains et d’autres maires des Yvelines ont participé hier soir, a permis de confirmer à quel point le projet présenté par SNCF Réseau soulève des interrogations et des inquiétudes extrêmement fortes. Sur la procédure de débat public : - Les Montessonnais et leurs élus n’ont accès à aucune information supplémentaire par rapport à que ce qui figure dans le dossier de SNCF Réseau qui est en ligne sur le site du projet (lnpn.fr). Ce dossier parle beaucoup de la Normandie mais dit très peu de choses sur notre territoire. Nous n’avons aucun accès aux livrets territoriaux ce qui est une anomalie. - La procédure retenue par l’Etat et de la SNCF est inacceptable : division des villes en sections incohérentes pour éviter la mobilisation (Carrières sur Seine est rattaché à Nanterre, et Montesson à Saint-Germain-en-Laye), pas de communication à la population, réunion d’information et soi-disant atelier de travail proches des vacances d’été. L’Etat a jusqu’ici refusé de les reporter au-delà des vacances d’été, ce en dépit d’un avis favorable des représentantes de la Commission nationale du débat public qui avaient souligné l’importance d’une consultation de qualité. (source : communiqué 22 mars 2024 GPS&O). - SNCF Réseau a proposé à Mme le Maire de Montesson la tenue d’une réunion publique sur ce projet avec les habitants à Saint Germain en Laye (et pas à Montesson), le mardi 25 juin à 18h. il s’agit de la date et de l’heure du match France Pologne, dernier match de poules de la France à l’Euro 2024. Beaucoup de Français seront devant leur téléviseur ! - Une concertation préalable est en cours sur le projet dit de « saut de mouton » (21 mai au 8 juillet). Cette consultation a été séparée de celle sur la LNPN et nous n’avons pas été saisis formellement, ce qui nous empêche d’avoir une vue d’ensemble sur ce projet. Sur le plan des coûts financiers : Un chiffre est mentionné dans le dossier du maître d’ouvrage, il s’élève à 5,3 milliards d’euros pour ces deux sections. Le projet en entier pourrait être compris entre 10 et 15 milliards d’euros. Ce coût n’intègre pas les autres sections et les autres aménagements. Il s’agit d’une estimation qui comme très régulièrement voire toujours dans ce type de projet risque d’être fortement revue à la baisse. A titre de comparaison, le budget du Grand Paris Express a été multiplié par 10 en 10 ans. Souvent les budgets initiaux sous-estiment les besoins techniques surtout pour des lignes nouvelles. Il faut ajouter un budget d’études qui est estimé dans le dossier à 23,8 millions d’euros et qui risque d’être fortement réévalué. Sur le bien-fondé du projet : La SNCF communique sur 3 arguments mais 2 sur 3 ne sont pas chiffrés à ce jour : Des trains plus fréquents : aucun chiffre. Des trains plus ponctuels : aucun chiffre. Des trains plus rapides : il y a de quoi être frappé par le décalage entre le coût et l’impact du projet et les gains de temps annoncé. Avec un tel budget la LNPN ne compenserait pas la dégradation continue de la ponctualité de ces lignes depuis plus de 40 ans : le temps de parcours resterait supérieur à celui de la ligne dans les années 70 (Paris-Cherbourg en 1h49 !) Le projet ne chiffre aucunement l’impact du projet sur les déplacements pendulaires Ile-de-France - Normandie. Quel impact du télétravail ? 48 000 Normands travaillent en Île-de-France, soit 4 % des actifs en emploi résidant en Normandie. Dans le sens inverse, 7 600 Franciliens travaillent en Normandie et occupent moins de 1 % des emplois normands (source : INSEE 2021) A titre de comparaison : régulièrement plus d’1 million de voyageur de RER A par jour. Idem pour RER B (source : IDF Mobilités) L’idée de construction de nouvelles gares en Ile-de-France est totalement exclue par le dossier pour des raisons techniques et financières. Il n’y a donc aucun bénéfice direct à attendre pour la desserte de notre ville qui n’a déjà pas de gare, alors que les nuisances s’annoncent très massives. Sur le « saut de mouton » : Ces travaux s’étendraient sur 4 ans, occasionnant des pertes de régularité dans l’offre de trains Transilien (Houilles et Sartrouville, potentiellement RER A) durant 1 an et demi. Ils coûteraient 250 millions d’€, pour un bénéfice questionnable : « Les trains normands et les trains Transilien J5 origine ou terminus Vernon - Giverny bénéficieraient d’un gain de régularité estimé en moyenne à 1% de trains à l’heure en plus à l’arrivée à Paris Saint-Lazare, mais ils n’auraient pas d’amélioration en direction de la Normandie. » Sur l’impact du projet pour le territoire de Montesson : Nous avons de quoi être extrêmement inquiets sur le plan de l’impact environnemental : on parle de la création d’une nouvelle infrastructure ferroviaire en région parisienne et en traversant des territoires des Yvelines qui ont à la fois une densité de population élevée et des espaces naturels et agricoles fragiles. Le tunnel traverserait Montesson, arriverait et repartirait en passant sous la Seine. Dans les précédents projets, deux autres variantes avaient été étudiées mais pour des raisons que l’on ignore, une seule a été retenue, et forcément c’est celle qui traverse la plaine de Montesson. Le dossier parle de travaux d’une durée de 7 ans. Les conséquences de ces aménagements seraient dévastatrices pour Montesson : d’abord en phase avant-projet. L’évaluation des sols est nécessaire, notamment pour connaître ses caractéristiques (nappes phréatiques, carrières…). Des carottages devraient être réalisés, engendrant fragilisation des sols et de la biodiversité. Les agriculteurs de la plaine de Montesson subiraient probablement des carottages dans leurs champs. Cela perturberait fortement leur travail. Les conséquences du projet seraient dramatiques pour les Montessonnais durant la phase des travaux. Un puits de creusement et ses installations sont envisagés en face du parc départemental, sur une surface de 60 000m2. Cette zone se trouve à proximité de la caserne de pompiers, de l’hôpital Théophile Roussel (zone calme)… Les travaux mèneraient à une bétonisation, et à des pollutions sonores, olfactives, visuelles… Le puits de creusement servirait à introduire le tunnelier. Il sert à creuser le sol (10 à 15 mètres de terre par jour), potentiellement 24h24, 7j/7. De nombreux déblais de gravats seraient à évacuer. Il est prévu que les gravats soient évacués en partie par la Seine, via des convoyeurs (illustrations). Ils rendraient difficiles l’accès aux berges de Seine, et causeraient du bruit et une pollution visuelle pendant des années. Potentiellement ils pourraient venir saccager l’arboretum et la zone de compensation écologique liée à la digue de Montesson. De plus, de nombreux camions devraient approvisionner les ouvriers en voussoirs. Quelques chiffres : Un anneau = 7 voussoirs = 2m. Pour 20 km, il faut 70 000 voussoirs. Un camion = 3 ou 4 voussoirs potentiellement 20 000 camions. Cela occasionnerait le surencombrement des voies de circulations, et augmente le risque d’accidents sur la route. En phrase d’exploitation, les riverains pourraient ressentir des vibrations. Montesson subirait aussi les conséquences de la présence d’un puits de secours. Il permet l’intervention des services de secours en cas d’incident. Il fera de 20 à 30 mètres de diamètre, et nécessite 5 000 m2 de surface pour sa réalisation. En résumé : Les Montessonnais sont et seront très nombreux à opposer un NON ferme à ce projet aberrant, extrêmement coûteux, à l’inefficacité pas prouvée, totalement dévastateur pour la qualité de vie, la biodiversité dans les communes des Yvelines et les espaces naturels et agricoles que nous nous efforçons de sauvegarder depuis des années. La question des flux de transport et de mobilité en Ile-de-France et en Normandie doit être traitée sérieusement, dans une approche beaucoup plus globale et pas à l’aune de ce projet qui présente de graves failles sur le fond et sur la forme.

Par BARONI Jean-Baptiste le 12 juin 2024

Bonjour, Nous avons bien pris en compte votre contribution en tant que maire adjoint à Montesson, concernant la démarche de concertation, le coût du projet et ses objectifs. En retour, nous portons à votre connaissance plusieurs éléments : • En mai 2024, SNCF Réseau a engagé une phase de concertation publique portant sur les sections de ligne nouvelle « Rouen - Barentin » et « Nanterre - Mantes-la-Jolie » afin de recueillir l’avis du public sur les différents tracés possibles et leurs conditions d’insertion dans le territoire. Plusieurs scénarios de tracés ont été alors proposés. La réunion publique organisée à Montesson par la Mairie, en juin 2024, a été réalisée sans SNCF Réseau et les garantes de la CNDP. Elles ont relevé à ce propos que ces conditions ne permettent pas la transparence nécessaire à une information éclairée du public. A l’entrée de la période de réserve électorale liée aux élections législatives en juin 2024, la concertation a été mise en pause. Les premiers enseignements de ce temps de concertation ont conduit à consulter à nouveau différents élus et parties prenantes locales concernés afin d'écouter et de comprendre les points de vue en présence pour mieux les prendre en considération dans la suite des études et de la concertation. Cette phase d’échanges complémentaires avec les territoires s'est tenue entre août et novembre 2024. Aujourd’hui, un travail de mise à jour d’une feuille de route et d’un calendrier actualisé est en discussion avec les financeurs et la gouvernance du projet. Aucun tracé n'est arrêté. • Le coût des aménagements prioritaires de la LNPN, aux conditions économiques de 2022, est évalué à 5,3 milliards €. Il correspond à la réalisation des deux sections prioritaires entre Nanterre et Mantes-La-Jolie ainsi qu’entre Rouen et Barentin, comprenant la future gare de Rouen Saint-Sever. • Concernant les objectifs et les bénéfices de la LNPN, en lien avec vos questions sur la fréquence des trains : la création des voies nouvelles permettra de faire circuler davantage de trains notamment sur la partie commune à toutes les liaisons entre Paris et Mantes-la-Jolie. Entre Paris et la Normandie, la LNPN donnera la possibilité de doubler les fréquences en heure de pointe des trains normands aussi bien vers Rouen-Le Havre que Caen-Cherbourg, au départ de Paris-Saint-Lazare. LNPN rendra possible une augmentation conséquente des fréquences pour les trains entre Paris et la Normandie et pour les trains du quotidien (futur RER E et ligne J Paris-Vernon). Les décisions finales relatives aux fréquences, dessertes et amplitude horaire relèvent des autorités organisatrices de la mobilité (Région Normandie et Ile-de-France mobilités). • Concernant les questions sur le secteur de Montesson, plusieurs précisions peuvent être apportées. La parcelle proposée pour être le point de départ des tunneliers a été faite après une analyse fine des opportunités sur le territoire et en intégrant notamment son classement environnemental, sa proximité avec la Seine et l'A14, son éloignement d'habitations actuelles ou futures, et son caractère peu accessible pour les circulations piétonnes. L'évacuation et l'approvisionnement par barges est le mode le plus doux et le plus écologique. Des chantiers comparables ont été réalisés avec succès dans des environnements similaires (proche de l'ile Seguin). La préservation du milieu naturel et la qualité des berges ont été préservés (maintien du chemin de halage). La proximité de la caserne est un atout alors que ce puits de creusement deviendrait aussi un puits de secours (situé au milieu du tunnel) qui devra donc être rapidement accessible pour les pompiers. Cordialement

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Réponse de SNCF Réseau le 4 avril 2025